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Burkina

Préfecture de Ouagadougou

LA JACINTHE D'EAU, FUTURE SOURCE D'ENERGIE - Made in Ouaga

Un reportage de Aimé Eric Ouedraogo

La jacinthe d’eau, cette plante invasive détestée pour bloquer les barrages, asphyxier les poissons, infecter l'eau et causer des inondations, devient une source d'énergie alternative et une source de revenus pour les populations burkinabé.

Originaire du bassin de l'Amazone, la jacinthe d'eau a été introduite dans la plupart des pays chauds comme plante d'ornement. C'est devenu aujourd’hui un véritable fléau en Afrique de l'ouest, dont le Burkina Faso. Chaque année, le ministère en charge de l’eau et de l’assainissement à travers l’Agence de l’eau du Nakanbé lance de grandes campagnes d'arrachage dans les barrages qui approvisionnent Ouagadougou, envahis par la plante qui prolifère rapidement et cause de nombreux dommages : voies de navigation obstruées, écosystème perturbé, poissons asphyxiés, dysfonctionnement dans les turbines des barrages hydroélectriques.

Cette année, 45 hectares ont été traités aux bords des fleuves Mouhoun, Nakambé et Nazinon. 4500 tonnes ont été arrachées.

Usine de transformation de Ouagadougou

La biomasse  extraite (déchets organiques) a ensuite été acheminée vers des unités de bio-digesteurs dans la ville de Ouagadougou, pour  être transformée par un processus naturel de méthanisation en biogaz et de réutilisée et valorisée comme énergie renouvelable, gaz de cuisine, engrais fertilisants et source d'électricité. La jacinthe d’eau traitée devient alors une opportunité économique.

Ilboudo Adama est le directeur de l’eau et de l’environnement à l’agence de l’eau du Nakambé, une structure de gestion des ressources en eau au Burkina.

Burkina Jacinthe d'eau - Ilboudo adama
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Le processus de transformation ne suffit pourtant pas aujourd'hui à lutter totalement contre la prolifération de la plante et à désengorger les fleuves, car les opérations d'arrachage de la plante sont longs et coûteux. Le Burkina Faso envisage donc deux autres méthodologies complémentaires : pour le moyen terme, il  est prévu de renforcer le système d’alerte et de surveillance des retenues d’eau de Ouagadougou. Pour le court terme, de mettre en place un processus de destruction biologique grâce à l'élevage dans le milieu d'insectes (charançons et limnées) , ennemis naturels de la jacinthe.

pour aller plus loin

Digestat résultant du processus de transformation

La méthanisation est un procédé naturel de dégradation de la matière organique par des bactéries, en l'absence d'oxygène, produisant un biogaz composé de méthane et de dioxyde de carbone. La fermentation sans oxygène (anaérobie) de déchets alimentaires ou végétaux dégage un gaz constitué de méthane (CH4) et de dioxyde de carbone (CO2) appelé biogaz. Cette réaction produit également un résidu, appelé digestat, qu'il est ensuite possible de valoriser en tant que fertilisant pour l'agriculture

Les enceintes dans lesquelles se déroule la fermentation sont soit dénommées fermenteurs, réacteurs ou digesteurs. Ce sont des cuves recouvertes d'un couvercle sous lequel s'accumule le biogaz qu'on soutire au fur et à mesure qu'il est produit. C'est un processus naturel sous l'action de bactéries.

La matière secondaire utilisée pour générer du biogaz est constituée de déchets organiques domestiques, des déchets verts et végétaux, des boues d'épuration communales, des cultures énergétiques (maïs, herbe, millet) mais également des déchets de nourriture industrielle.

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Au Bénin, l'entreprise  "Green Keeper Africa" transforme la jacinthe d'eau  pour obtenir une fibre absorbante utilisable comme dépolluant. 
Le processus de dépollution consiste à récupérer des bacs de décantation de tous les déchets d’hydrocarbure auxquels est ajoutée la fibre de jacinthe d’eau qui aspire les déchets pour former une matière végétale solide qu’on peut facilement utiliser comme combustible alternatif. 
L’ entreprise cimentière Lafarge utilise déjà le combustible alternatif dans ses fours, après des tests concluants relatifs entre autres au pouvoir combustible et au taux d’humidité. 

 

La jacinthe d’eau a été utilisée expérimentalement comme engrais organique au Kenya. Cependant il y a quelques controverses comme les effets sur les sols dû au pH très alcalin.

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L’utilisation de la fleur a également été expérimentée en alimentation animale. A Madagascar, elle est régulièrement utilisée pour l'alimentation des zébus.

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En Chine, cette plante a été largement utilisée en aliment du bétail des années 1950 aux 1970, durant les grandes pénuries. Elle y avait aussi été utilisée comme engrais. Depuis la fin des années 1980, ces usages sont tombés en désuétude. Son seul usage est maintenant de nourrir les canards et de contribuer à l’épuration des eaux polluées. Aujourd’hui la jacinthe d’eau est utilisée comme principal matériau pour la confection de meubles de qualité.

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En Birmanie, Thaïlande et au Vietnam, la plante est largement récoltée. Ses racines, bouillies et séchées, sont assemblées en cordelettes puis tressées autour d’une armature en bambou. Cet artisanat a un double avantage, il permet un ralentissement visible de l’invasion de la plante et dynamise sensiblement l’activité économique locale.

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