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RCA

Le conflit empêche toute action d'adaptation durable au changement climatique

Un reportage de Gildas Nabeza

A la veille de l'ouverture de la COP22 à Marrakech, les organisations de la société civile centrafricaines constatent que le gouvernement n'a toujours pas ratifié les accords de Paris. Le pays est pourtant fortement impacté par les effets du changement climatique. le conflit qui dure depuis 3 ans nuit à tout développement de solutions.

La République centrafricaine n'a toujours pas ratifié les accords de Paris, qu'elle avait pourtant salué "d'historique pour le continent africain et pour le bassin du Congo".

Le pays est en effet fortement exposé aux aléas climatiques. Selon les études existantes, la température a augmentée de 1°C en Centrafrique entre 1978 et 2009. tandis que les précipitations ont diminué de près de 20% en moyenne.  La partie sud du pays est la plus exposée aux pluies, tandis que la sècheresse est plus présente dans le nord et le nord-est. Les observateurs estiment que 75% de la population est concerné par ces changements climatiques, en premier les populations rurales qui sont les plus pauvres et donc les moins susceptibles de faire face à des catastrophes.

Face aux menaces environnementales telles que les inondations, la sécheresse, les maladies saisonnières sur la flore et la déforestation intensive causée par l’homme, le pays est devenu fragile. La baisse de la pluviométrie entraine la sécheresse progressive des sols et des cours d'eau, la perte d'un écosystème, la dégradation et la baisse de fertilité des terres et des récoltes, et accélère notamment les feux de brousse.

Dans le Bassin du Congo, plus de 80% des populations vivent exclusivement de l’agriculture, de la pêche, de l’élevage et de la cueillette, ressources largement tributaires du climat et de la préservation de l'environnement. Les forêts du Bassin du Congo jouent un rôle déterminant dans le ralentissement du réchauffement climatique en stockant et séquestrant le carbone rejeté (puit de carbone). Malgré les mécanismes régionaux - en premier lieu l'initiative Redd+ lancée depuis 2008 -deux millions d’hectares de forêts disparaissent encore chaque année, du fait de l'exploitation forestière, l'exploitation minière, l'agriculture et du bois de chauffe pour une population en forte croissance et en précarité.

Félicien Konzi Sarambo, chargé de mission au ministère centrafricain de l’Environnement,  fait le point sur les avancées du gouvernement.

RCA enjeux COP22 - Félicien KONZI SARAMBO
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Durée : 3'35mn

Même si elles saluent les initiatives du gouvernement pour assurer une concertation nationale avec tous les acteurs, les organisations de la société civile  s'interrogent sur le suivi de leurs recommandations dans l'élaboration du document de Contribution Prévue Déterminée au niveau National (CPDN) élaborée par les différents acteurs. Ce document constitue la feuille de route du pays en matière de lutte contre le changement climatique. Les organisations s'interrogent également sur l'identification et l'enregistrement auprès du CNUCC (Convention des Nations Unies pour le Changement climatique) de l'entité locale qui sera en charge de la coordination des projets de développement financés par le Fonds vert. 

Patrice Passe Sanand -coordonnateur de la plateforme des organisations de la société civile pour la Gestion Durable des Ressources Naturelles et de l’Environnement - 

Enzo Senga -directeur des programmes à l’ONG Jeune Volontaire pour l’Environnement en Centrafrique- font le point sur leurs activités

RCA enjeux COP22 - Société civile
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A ces difficultés, s’ajoute la persistance de l’instabilité dans le pays depuis 3 ans, qui complique toute action de développement durable. «Un autre obstacle majeur à la réponse au changement climatique en République centrafricaine demeure le conflit et l’insécurité permanente qui entravent tout effort de réduction de la pauvreté ou de développement, y compris les efforts d’adaptation au changement climatique. Le conflit a détruit une grande partie de l’infrastructure qui a contribué au développement de l’agriculture dans les zones rurales, et anéantit tous les efforts politiques et associatifs mis en oeuvre pour lutter et s'adapter. Les effets du changement climatique rendront -en général- la vie quotidienne encore plus difficile dans les situations de conflit et risquent de les exacerber", explique Mme Peach Brown -professeur à l’Université Prince Edward Island à Charlottetown (Canada) et auteur d’une étude réalisée en RCA  dès 2010. 

 

Les projections climatiques pour le pays montrent une augmentation de température de 1,5°C à 2,75°C d’ici 2080, avec des précipitations de plus en plus irrégulières sur les plans de la fréquence, de la durée et de l’intensité.

pour aller plus loin

Le Bassin du Congo est la deuxième plus grande forêt tropicale au monde, après l'Amazonie. Le domaine s'étend sur 228 millions d'hectares, entre la République démocratique du Congo, le Cameroun, la République centrafricaine, la Guinée équatoriale, la République Démocratique du Congo et le Gabon. Considéré comme le deuxième poumon du monde, le bassin du Congo occupe 26% de la surface des forêts tropicales de la planète et abrite une riche biodiversité. On y trouve plus de 10.000 espèces de plantes, 1000 espèces d'oiseaux et 400 espèces de mammifères.

Les forêts du Bassin du Congo contribue à la qualité de l'air que nous respirons. Elles tiennent également un rôle important dans la stabilité climatique, car elles interviennent dans la régulation des précipitations locales et régionales. La plupart des précipitations arrosant le continent africain prennent naissance dans cette région.

Les forêts du Bassin du Congo jouent un rôle déterminant dans le ralentissement du réchauffement climatique en stockant et séquestrant du carbone. Deux millions d’hectares de forêts disparaissent chaque année, du fait de l'exploitation forestière, l'exploitation minière, l'agriculture et du bois de chauffe pour une population en forte croissance. Les scientifiques estiment que les deux tiers des forêts du Bassin du Congo pourraient être perdues d'ici 2040, à moins que des efforts pertinents de protection ne soient rapidement mis en œuvre.

L'initiative Redd+ (Reducing emissions from deforestation and forest degradation) est une initiative internationale et transnationale lancée en 2008, coordonnée par les Nations-unies. Elle vise à lutter contre le réchauffement climatique provoqué par les émissions de gaz à effet de serre induites par la dégradation, destruction et fragmentation des forêts, en s'appuyant sur des incitations financières et le marché du carbone.

L'initiative REDD se heurte à de nombreux obstacles, tenant à la non-concrétisation des accords bilatéraux entre pays, aux effets pervers concernant la protection des peuples autochtones, et à un ensemble de critiques l'accusant de favoriser une conception d'un « capitalisme vert » qui serait incapable de répondre aux défis du XXIème siècle.

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