Dans les coulisses des négociations
Les chefs d’Etat sont attendus à partir de ce lundi à Marrakech pour entrer dans la phase dure des négociations et tenter de s’accorder sur de nouvelles dispositions qui marqueront un pas supplémentaire dans la suite des accords de Paris.
Mais avant cette phase diplomatique guettée par tous les médias, les délégations de chaque pays préparent dans l’ombre depuis plus d’une semaine l’ensemble des textes et des arguments à défendre, et recherchent les positions communes au sein du groupe Afrique et du groupe G77, qui regroupent les 77 pays de développement.
Nous sommes à l’entrée de la salle Boulaya, une des 10 salles de conférences dans l’espace réservée à la société civile.
Roukiatou Ouédraogo est assise. Ordinateur portable sur les genoux, ses yeux passent de son écran vers ceux de ses deux téléphones mobiles. Des piles de documents à ses pieds. Le stress crispe son visage. Faire vite. « On m’attend » dit-elle. Roukiatou est membre d’une OSC burkinabè. Elle court de salle en salle, d’événement en événement. Rencontres, projections, animation de tables rondes. « Rokia, on nous attend !»
Aboubacar Lougué passe la tête pour interpeller sa collègue. Il représente la Coordination nationale des jeunes pour l’environnement et le climat. Il revient de la salle 19, où se tenait une conférence sur l’introduction du changement climatique dans les programmes scolaires.
En pressant le pas pour rejoindre leur délégation, ils nous expliquent leur rôle durant la COP22. Il ne s’agit pas seulement de représenter leurs organisations et leurs ONGs. Ils sont également conseillers auprès des délégations politiques qui ont en charge de défendre les positions de leurs pays au cours des 10 jours de négociations.
Aboubacar Lougué coordonnateur de la CONAJEC
Les membres d’organisations de la société civile ne participent pas directement aux négociations, mais leur contribution est essentielle pour ce sommet mondial. Elles partagent leur expertise terrain auprès des politiques. Il s’agit de défendre des positions réalistes et des actions prioritaires. Les ONGs ont cette expérience terrain précieuse pour analyser les besoins et assurer la mise en œuvre des projets. Proches des populations, elles bénéficient de leur confiance. De l’autre côté du miroir, elles font du lobbying auprès des négociateurs, qui vont ensuite remettre le document final aux chefs d’état. Après une dernière révision, ceux-ci devront les défendre en commission et en plénière.
Revenus au pays, les textes seront soumis à l’approbation du gouvernement et de l’Assemblée.
Idrissa Semdé, négociateur africain.
Les négociations de haut niveau -en présence des chefs d'Etat débuteront ce mardi. Une cinquantaine ont confirmé leur présence à la COP22, dont une vingtaine en provenance du continent africain. Parmi les puissances européennes, seul François Hollande, Président de la France, a confirmé sa venue.